Article paru dans la presse française (Libération par

Le système scolaire traverse actuellement une importante phase de reconversion en Finlande, qui devrait mener à un tout nouveau mode d’enseignement.
Depuis plusieurs années, la Finlande représente un exemple en termes de politique d’éducation nationale. En 2012, le classement international Pisa, réalisé par l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE), félicitait le pays pour la qualité de ses enseignements mathématiques et scientifiques en le plaçant 12e sur 65 pays. Pourtant, la Finlande a décidé de révolutionner le système scolaire en ne dispensant plus les cours par «matières» mais par «thèmes» dans ses écoles, appliquant ainsi «l’un des programmes de réforme de l’éducation les plus radicaux jamais mis en place par un Etat-nation», selon le quotidien britannique The Independent.
Fini les cours classiques de maths ou de littérature : désormais, place à la transversalité. Une leçon sur l’Union européenne, par exemple, permet aux élèves d’étudier l’histoire-géo, l’économie et la politique en même temps. Cette initiative représente un moyen de ne plus inclure de cours superflus dans les programmes sous prétexte qu’ils correspondent à une matière. Chaque sujet est choisi pour sa richesse et sa pertinence.
«Nous devons faire des changements dans l’éducation qui soient utiles à l’industrie et à la société moderne», a indiqué à The Independent Pasi Silander, directeur du développement de ce projet. Pour lui, de nombreux cours traditionnels n’ont aujourd’hui aucune visée pratique car ils ne prennent pas en compte l’évolution technologique du monde contemporain. «Nous avons besoin d’une éducation différente qui prépare les étudiants à la vie professionnelle.» Et pour cela, quoi de plus efficace que de travailler en conditions réelles ? La réforme veut mette fin au conventionnel tableau-enseignant-élèves et propose une approche plus collaborative : réunir les étudiants en plusieurs petits groupes et leur donner des problèmes à résoudre afin d’encourager travail en équipe et communication.
Mais la réforme n’est pas au goût de tous. Plusieurs instituteurs, qui ont enseigné la même matière pendant des années, s’opposent au changement et refusent de devoir prendre des décisions collectives sur les contenus des programmes scolaires. Le gouvernement tente alors de les convaincre. Marjo Kyllönen, responsable de la réforme à Helsinski, a par exemple promis que tous les professeurs qui accepteraient cette méthode de co-enseignement se verraient offrir des primes sur leur salaire.
Pour l’instant, la réforme n’est testée que dans certaines écoles de la capitale mais elle devrait être étendue à l’ensemble du pays d’ici à 2020.